Réparation « au composant » : FEDELEC mène l’enquête pour le compte de l’ADEME
FEDELEC vient de rendre les résultats d’une étude sur la réparation au composant. « Notre but était de faire un état des lieux de la réparation au composant aujourd’hui, et savoir si cette pratique appartient au passé ou à l’avenir… en d’autres termes, s’il faut inviter à l’oublier ou au contraire inciter à la développer», résume Joël COURET, Délégué FEDELEC à la promotion de la réparation. Les résultats sont parlants.
FEDELEC a signé l’an dernier une convention avec l’ADEME dans le cadre d’une étude sur la réparation au composant. L’ADEME s’est fixé l’objectif de formaliser et évaluer l’impact des différents modèles de réparation des équipements électriques et électroniques (EEE). Dans ce contexte, la réparation au composant est un sujet d’importance. L’étude vise ainsi à définir ce qu’elle englobe, à analyser le modèle économique et organisationnel, à déterminer les compétences et moyens techniques nécessaires (dont les besoins en formation), à identifier les freins et les leviers, à évaluer les éventuels gains environnementaux. Il s’agira ensuite, si cela s’avère pertinent, d’établir une liste de pistes d’actions à mener pour démocratiser et inciter à la réparation au composant.
FEDELEC a donc lancé une première enquête auprès des réparateurs.
Un questionnaire a été adressé aux établissements spécialisés dans la réparation, l’installation et/ou le commerce d’appareils électroménagers, de matériel audio et vidéo, d’ordinateurs et d’équipements de communication…
Profil des répondants
450 entreprises ont répondu au questionnaire en ligne. 40,9 % sont spécialisées dans la réparation uniquement, 0,4% dans la distribution uniquement, 58,6% exercent les deux activités.
Ce sont des petites structures, comprenant pour 74% d’entre elles un seul technicien réparateur (souvent le chef d’entreprise lui même), pour 24,6% de 2 à 5 techniciens réparateurs.
Pour ce qui est de l’activité principale des entreprises répondantes, se dégage un tiercé de tête : réparation d’ordinateurs et d’équipements périphériques (32,3%) ; réparation d’appareils électroménagers (27,2%) ; réparation de produits électroniques grand public (21,6%). Suivent de loin la réparation d’équipements de communication (5,2%), le commerce de détail d’appareils électroménagers en magasins spécialisés (3,7%) et la réparation de matériels électroniques et optiques (2,2%).
Il est à noter que les commerces interviennent également beaucoup dans le secteur de la réparation, mais n’ont pas systématiquement inscrit cette activité au répertoire des métiers.
Quels sont les produits les plus souvent réparés ? Les entreprises interrogées pouvaient donner plusieurs réponses. Arrive en tête l’électronique grand public, avec 20,5%. « Ce sont surtout des téléviseurs, précise Joël Couret, avec un problème récurrent de rétro-éclairage des dalles LCD ». Suivent l’informatique (18,5%), le gros électroménager (17,9%), le petit électroménager (16,2%) et la téléphonie (9,3%).
Qui pratique la réparation au composant ?
A la question de savoir si les entreprises pratiquent la réparation au composant, la réponse est très majoritairement OUI à 72,2% et NON à 27,8%.
Les entreprises qui ne réparent pas du tout au composant donnent plusieurs raisons à cela : manque de connaissances ou d’outils (pas de formation ou d’expérience, difficultés pour identifier les composants défectueux, nécessité d’investissement dans de l’outillage adapté…) ; problèmes liés aux constructeurs (difficultés pour obtenir les schémas des cartes ou les composants) ; ou encore manque de temps ou d’intérêt économique.
A l’inverse, pourquoi les entreprises qui réparent au composant le font-elles ?
Pour des raisons de savoir-faire (compétences, intérêt technique, faisabilité), mais aussi environnementales ou économiques (baisse du coût de la réparation, prestation mieux rémunérée, gain de temps, seule solution pour sauver l’appareil, réponse à la demande du client…).
Les entreprises qui réparent au composant le font systématiquement (18%), très souvent (37%) ou assez souvent (29%).
Les familles de produits les plus concernées sont l’électronique grand public, le gros et le petit électroménager, l’informatique.
«Nous sommes assez étonnés par ces résultats, nous ne nous attendions pas à des chiffres aussi élevés sur la pratique de la réparation au composant. En outre, il est à noter que si elle est courante depuis longtemps dans le secteur de l’EGP, elle est relativement récente pour l’électroménager», commente Joël Couret.
Les points à améliorer pour le développement de la réparation au composant
Plusieurs freins ont été identifiés dans la pratique.
Les réparateurs expriment des besoins de documentations techniques plus complètes, de davantage de schémas de cartes électroniques, d’accès facilités aux composants ainsi qu’aux softs pour programmer directement les circuits.
Une grande majorité des répondants (71 à 85%, suivant les familles de produits) considère que les fabricants ne facilitent pas la réparation au composant, voire la freinent.
Néanmoins, plus de la moitié des entreprises interrogées pensent que la réparation au composant se développe et va continuer à la pratiquer.
Bientôt le rapport de l’ADEME
Les conclusions du rapport que l’ADEME publiera au second semestre 2023 seront significatives au regard de ces éléments de l’enquête. FEDELEC a demandé également que le sujet de la responsabilité du réparateur intervenant au composant y soit étudié, car c’est une inquiétude plusieurs fois évoquée, à laquelle une réponse mérite d’être apportée.
Qu’est-ce que la réparation au composant ?
Elle consiste à réparer ou remplacer une ou plusieurs pièces électriques ou électroniques dans un ou des cas suivants :
- via une technique de séparation complexe et/ou longue (ex : soudure, micro-soudure).
- nécessitant un diagnostic complexe et du matériel dont la mise en œuvre est complexe.
- pour lesquelles les pièces de rechange de sont pas disponibles en tant que pièces détachées.
A suivre
Un second volet de l’enquête vise à étudier la formation.
Les derniers travaux seront finalisés au début de l’été.